Josep Grau-Garriga, né en 1929 à Sant Cugat del Vallès, commence par apprendre le dessin à l’école des Beaux-Arts de Sant Jordi et peint ses premières fresques à l’ermitage du Sant Crist de Llaceres, dans la tradition de l’art mural médiéval catalan. Il grandit dans un milieu rural, au contact de la nature, et il observe. Cet attachement profond à la nature, aux objets et à la société constitue les prémices des sujets qui l’inspireront pendant toute sa vie d’artiste. Au cours des années 1950, Josep Grau-Garriga commence à pratiquer l’art de la tapisserie. Progressivement, l’artiste se dirige vers l’hétérodoxie. Ses différents voyages en France et aux États-Unis le sensibilisent aux courants artistiques du monde et aux différents contextes politiques et culturels de chaque pays. Pendant les années 1970-80, son œuvre est opposée aux esthétismes de l’époque, ponctuée d’éléments qui symbolisent des dénonciations sociales et de messages politiques.
Dès les années 1960, les tapisseries de Josep Grau-Garriga attirent l’attention de Philippe de Montebello, jeune conservateur américain et futur grand directeur du Metropolitan Museum de New York. Cette rencontre offre à l’artiste sa première grande rétrospective au Houston Fine Arts Museum (Texas) en 1970. Cette collaboration signe le début d’une carrière internationale qui mène Josep Grau-Garriga à réaliser de nombreux projets internationaux avec des expositions personnelles dans des institutions telles que le Birmingham Museum of Fine Arts (Birmingham, États-Unis) en 1971, le LACMA (Los Angeles, États-Unis) en 1974 et le Museo Tamayo (Mexico, Mexique) en 1987. L’artiste est décédé en 2011 à Saint-Mathurin-sur-Loire et son œuvre est représentée par la Galerie Nathalie Obadia depuis 2016.
Grau-Garriga. L’expérience imaginée donne à voir l’effervescence créative de l’artiste en rassemblant un corpus d’œuvres datées entre 1972 et 2009. Tapisseries, œuvres sur papier et une vidéo partagent l’espace d’exposition. L’évolution de Grau-Garriga permet de voyager de l’histoire politique et sociale de son pays aux tapisseries plus sereines et atemporelles des années 2000, moment où l’artiste s’installe à la campagne en France. Le fil rouge de l’exposition suit le parcours de vie de Josep Grau-Garriga. Ainsi, les dernières créations de l’artiste recherchent l’unification des savoir-faires et des matériaux.
L’exposition révèle la capacité de l’artiste à imaginer des horizons artistiques nouveaux, à déborder des cadres établis, des règles et des conventions. L’imagination du spectateur est stimulée par ces compositions abstraites, faites d’objets non identifiés. Les titres attribués fournissent des pistes d’imagination possibles, des interprétations vaguement figuratives : Agost 86 (Août 86), Rastre de naufragi (Trace d’un naufrage), Mals lligams (Mauvais liens)… La parabole la plus significative dans cette exposition est le drapeau reprenant les couleurs de celui de la Catalogne, Com bandera (Comme Drapeau). Le motif de cette œuvre crée en 1974 symbolise l’identité nationale catalane altérée par les violences de la dictature de Franco.
Grau-Garriga. L’expérience imaginée
Du 24 février au 15 avril 2023.
Galerie Nathalie Obadia
3, rue du Cloître Saint-Merri, Paris