Institut Ramon LLull

Rafael Tur Costa, la lumière du fragment, à Cotlliure

Arts.  COTLLIURE, 02/02/2022

Cotlliure et Palma, deux sœurs reliées par le bleu de la Méditerranée et la lumière intense du soleil. Deux villes qui ont vu éclore la modernité.

Le Musée d’art moderne de Collioure est aujourd’hui particulièrement heureux de s’associer au musée Es Baluard de Palma pour célébrer l’œuvre de l’artiste ibizien Rafael Tur Costa. L’exposition, présentée à Palma en 2021, sera accueillie en 2022 à Cotlliure.




Au travers de cette itinérance, nous découvrons un regard frère, celui d’un artiste qui, toute sa vie durant, a travaillé face à la lumière.

Car l’œuvre de Tur Costa n’est qu’éblouissement. Elle est façonnée par cette lumière qui cogne aux murs chaulés des maisons d’Ibiza et qui passe tout au «blanc d’Espagne » pour ne plus laisser saillir qu’angles et arêtes. Une lumière qui réduit tout à une architecture faite de quelques lignes essentielles.

Rafael Tur Costa habite la lumière et nous invite, en silence, à entrer dans son œuvre comme dans une de ces maisons blanches cuites par le soleil et à la porte toujours ouverte : sans frapper!


Rafael Tur Costa

Santa Eulària des Riu, Eivissa, 1927 – 2020

A vécu et travaillé à Eivissa (Ibiza)

Bien qu'il ait étudié à l’École des Arts et Métiers d’Ibiza, Rafael Tur Costa peut être considéré comme autodidacte.

En 1955, il rencontre des membres de la Hochschule Für Bildende Künste de Berlin, un groupe d’étudiants allemands aux beaux-arts, qui l’initient aux innovations artistiques de l’avant-garde européenne.

Son agitation créative l’a amené à s’impliquer dans les cercles artistiques de Madrid et de Barcelone, et à entretenir des relations constantes avec le groupe Ibiza 59, formé sur l’île en 1959.

Alors que le noir semble être la couleur prédominante dans ses premiers essais des années 1960, ses travaux ultérieurs révèlent sa préférence pour le blanc, fruit de ses travaux de recherche sur l’image et l’évolution de son propre langage plastique.

En plus d’expositions aux États-Unis et en Europe, son travail a été exposé au Museu d’Art Contemporani d’Eivissa à Ibiza (1983, 1997) et au Casal Solleric à Palma, Majorque (1997).

fin années 50

Depuis la fin des années 1950, on trouve chez lui des espaces où il est possible de percevoir une certaine horror vacui (horreur du vide).

Après avoir été séduit par une obscurité qui l'apparentait à un type d'art informel, il se lance dans une série de recherches aboutissant à des champs chromatiques qui ordonnent l'espace pictural et dialoguent avec des éléments de langage.

C'est dans cette période qu'il recourt à des poèmes de Rafael Alberti et à des signes qui renvoient directement à l'impossibilité d'exprimer des expériences vécues pendant son enfance et sa jeunesse. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne ses souvenirs de la guerre civile et la mise en place de la dictature franquiste.

années 60-70

Au milieu des années 1960, il dépouille l'espace pictural et ne ressent plus le besoin d'occuper toute la surface, conscient de l'impossibilité de tout exprimer. Il s'engage alors dans des compositions dominées par la simplicité et par le blanc puis y dépose des sortes d'organismes, héritiers d'une certaine abstraction lyrique, qui jouent un rôle organisateur.

Tur Costa travaille à des peintures où la composante architecturale puise sa force dans la nudité. On y retrouve une claire évocation de la verticalité des murs des maisons d'Eivissa. Ce sont des surfaces entièrement blanches, parsemées, comme sous l'action d'une force centrifuge, de petites cellules.

Au début des années 1970, Tur Costa incorpore à ses créations un nouvel élément : le segment. Le tracé rectiligne va dorénavant s'imposer dans ses oeuvres jusqu'à la fin.

années 80-90

Ce sont encore de grandes compositions tournées vers le blanc, mais qui comprennent cette fois des structures ordonnées qui suggèrent un espace impossible d'accès. La forme ne cesse d'organiser l'espace pour nous avertir de cette impossibilité.

A l'approche des années 1980, l'artiste commence à affronter la douleur et la blessure qui le hantent depuis l'enfance.

On trouve sur ses toiles blanches des petites fentes et des déchirures qui révèlent cet espace malade de souvenirs.

Au cours des années du siècle finissant, les oeuvres se nimbent de mystère. Fentes, déchirures, blessures, et même découpes nettes signalent qu'il faut chercher le sens au-delà de la toile.


Une exposition réalisée en partenariat avec Es Baluard, musée d’art contemporain – Palma (Baléares), avec le soutien de l'Institut Ramon Llull

Dates : du 5 février au 22 mai 2022

Inauguration : samedi 5 février à 11h

exposition proposée par Es Baluard, musée d'art contemporain de Palma, et le gouvernement des Îles Baléares.

Commissariat : Imma Prieto

Web

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