Les deux plasticiens s’intéressent à l’urbanisme et aux usages de l’architecture
Domènec s’intéresse aux unités d’habitation construites dans les années 1960-80. Ces grands ensembles (comme par exemple les Minguettes), conçus pour la population ouvrière, ont d’abord été le symbole de la ville moderne. L’objectif est alors de loger la population en pleine augmentation en lien avec l’expansion de l’industrie. De nos jours, les logements sociaux sont toujours habités mais le contexte n’est plus le même. À travers les maquettes, photographies, installations multimédia de l’exposition, l’artiste nous livre son regard à la fois bienveillant et critique sur ces grands projets d’architectes et ces quartiers aujourd’hui difficiles à vivre.
Avec comme méthodes de travail l’enquête et l’observation dense des usages collectifs du bâti et des espaces d’habitation, Domènec révèle les mécanismes sociohistoriques qui conduisent à l’oubli et au délaissement de zones urbaines. Il réalise des sculptures, des photographies et des interventions dans l’espace public, qui font apparaître certains projets architecturaux du 20e siècle comme des «constructions imaginaires de la modernité».
Le projet de Domènec réalisé à Saint-Fons porte d’une part sur l’histoire des Minguettes, quartier de Vénissieux historiquement connu pour sa «Marche des beurs» de 1983, et d’autre part sur une illustration de l’histoire de l’architecture lyonnaise, à travers ses grands ensembles et ses noms d’architectes illustres, tels que Eugène Beaudouin et Tony Garnier. Les œuvres produites spécifiquement pour l’exposition au CAP sont accompagnées de pièces plus anciennes et constituent un projet inédit tourné vers des modes d’habitation impulsés par des aspirations utopiques, depuis critiquées, mais avec lesquels cependant nous continuons massivement à vivre.
Lara Almarcegui explore l’île de la chèvre
Lara Almarcegui vit et travaille à Rotterdam, aux Pays-Bas. Le travail qu’elle développe depuis près de vingt ans questionne la frontière entre le renouvellement et le dépérissement des villes, en cherchant à mettre en lumière des éléments du monde urbain qui échappent souvent au regard. Après plusieurs repérages et rencontres avec les acteurs de terrain, elle arpente le quartier des Clochettes à Saint-Fons à la recherche de «lieux d’intérêt», «terrains vagues, friches, bâtiments à démolir ; des lieux qui, en raison d’un oubli […] sont ouverts à toutes sortes de possibilités». À l’issue de son investigation au sein de la ville, elle invite le public à expérimenter, explorer et préserver le plus longtemps possible ces espaces alors réinvestis. Elle a choisi d’explorer la situation de l’île de la Chèvre, positionnée sur le Rhône, non loin de Saint-Fons. Aménagée dans les années 60, l’évolution de cette île artificielle, aujourd’hui inaccessible au public, est liée à l’activité industrielle de la Vallée de la chimie. L’île étant elle-même un produit artificiel issu de l’activité industrielle de la Vallée de la Chimie, son exploitation, ses accès, son avenir en découlent. La recherche de Lara Almarcegui prend la forme d’une publication et d’une liste exposée des matériaux constituant l’île.
Le CAP - Centre d'arts plastiques de Saint-Fons
du 16 septembre au 25 novembre 2017
Vernissage : le 15 septembre 2017 à 18h
Espace Léon Blum
Rue de la Rochette
69190 Saint-Fons
Commissaire d'exposition : Nicolas Audureau
Horaires : du mardi au samedi, de 14h à 18h
Entrée libre et gratuite