La troisième édition de la Triennale de Courtrai (Belgique) s'ouvre le 29 juin avec les œuvres de vingt-deux artistes qui, jusqu'au 6 octobre, feront partie du paysage urbain de cette ville flamande et de certains de ses bâtiments les plus emblématiques. La Municipalité de Courtrai et la plateforme artistique Be-part sont à l'origine de cet événement international qui met l'accent sur l'aspect social de l'art contemporain et son dialogue avec le tissu urbain.
Laia Estruch installera sa pièce Trena au Grote Markt (Grand Marché), situé sur la place la plus centrale de la ville. La sculpture sonore, produite par le Musée national d'art de Catalogne (MNAC), forme un circuit de 35 mètres de long sur 6,60 mètres de large, 5 mètres de hauteur et 2 mètres de diamètre, elle crée une expérience unique où les limites entre l'extérieur et l'intérieur s'évanouissent. Et part de la morphologie de ce que l'on appelle le plexus (du latin "Trena") : le réseau ramifié des vaisseaux ou des nerfs dans le corps humain. La structure de la sculpture s'inspire de l'étude d'architecture des circuits automobiles, les circuits d'athlétisme et des parcs d'attraction, ainsi que des parcours créés dans les sous-sols des villes pour canaliser l'eau ou le gaz. Elle est à caractère performatif et a été inaugurée en juillet 2023 dans la Salle ovale du MNAC. À cette occasion, elle propose aux visiteurs de Courtrai de redécouvrir et de renouer avec l'un des espaces les plus centraux et vitaux de la ville.
Jordi Bernadó exposera au BK6, un ancien musée du centre historique transformé en un centre de création pour adolescents, des photographies de la série Last & Lost, fruit de la recherche qu'il a menée au sein de 10 écosystèmes uniques dans le monde, et dont la continuité est menacée. L'artiste essaie de documenter la mémoire de ces lieux pour les générations futures. Il contemple les défis écologiques et philosophique du présent, en reproduisant des scènes d'extinction, mais également d'espoir. Chaque image montre une réalité qui lutte pour résister, ou qui en affirme la survie. Certains parlent en dénonçant, d'autres en l'évoquant, de la métaphore au désir de changement. Son œuvre se présente comme un dialogue avec des œuvres de l'artiste visuel américain-cubain Felix Gonzalez-Torres, mort en 1996, et de l'artiste et architecte d'avant-garde belge René Heyvaert.
Les commissaires de l'édition de la Triennale de cette année sont Patrick Ronse, directeur de la plate-forme d'art contemporain Be-Part, et Hilde Teerlinck, directrice de la Han Nefkens Foundation. Le slogan qu'ils ont choisi est After Paradise (Après le paradis) et fait référence au contraste entre l'harmonie sociale et l'abondance matérielle d'un paradis perdu passé et d'un présent qui débouche sur la rareté des matières premières, les tensions sociales et un environnement hautement pollué. En somme, selon ses commissaires, After Paradise cherche à offrir un récit positif, centré sur la responsabilité et l'émancipation des personnes, grâce à des œuvres qui encouragent le dialogue, la réflexion et l'action.
La participation de Laia Estruch et de Jordi Bernadó à la Triennale de Courtrai bénéficie du soutien de l'Institut Ramon Llull, qui avait également soutenu la programmation d'artistes catalans lors de ces éditions précédentes.
Laia Estruch (Barcelone, 1981) est diplômée en Beaux-Arts de l'Université de Barcelone. Elle est en dernière année de Licence à L'université The Cooper Union (New York, 2010). Elle a reçu le prix 'Ciutat de Barcelona 2021', le Prix 'Cerveses Alhambra d’Art Emergent, ARCOMadrid 2022' et le Prix Galeries 2019 du magazine Núvol. La voix et le corps sont les éléments qui articulent ses recherches, une pratique artistique à cheval sur la sculpture et l'action. L'artiste prend la voix comme une extension du corps capable de synthétiser des questions relatives au langage, le parler, le genre ou les structures sociales.
Ses derniers travaux ont été exposés à : PUBLICS (2022) Helsinki, Salon ARCO de Madrid (2022), Centre d’Art La Panera (2022) de Lérida, collection de Thyssen Bornemisza TBA21 au C3A Centre de Création contemporaine d'Andalousie, Cordoue (2022), Fondation Sandretto, Madrid (2022), galerie Ehrhardt-Flórez, Madrid (2022), Fondation Cerezales Antonino y Cinia, León (2022), Azkuna Zentroa, Bilbao (2022), Hauser and Wirth Minorque (2023), TEA Tenerife Espacio de las Artes (2023), MNAC Musée national d'art de Catalogne de Barcelone (2023), Galerie municipale de Porto au Portugal (2023), Concomitentes - Aguas Vivas en Cantabrie (2023-24) et PATIO ZONAMACO Mexico (2024),
Jordi Bernadó (Lérida, 1966) entend la pratique de la photographie comme une voie de la connaissance. Son ambition et sa rigueur quand il décode son environnement ont été transcendées dans une œuvre étendue, personnelle et donc complexe. Le jeu avec la réalité, l'observation des angles morts dans lesquels s'échappe celui qui passe inaperçu, sont quelques-unes des constantes de son œuvre kaléidoscopique qui aborde des thèmes aussi différents que l'identité, les manières d'habiter et l'architecture, tant au niveau individuel que collectif.
Il a gagné le Prix du ministère de la Culture au Meilleur Livre de l'année 2002 et le Prix PHotoESPAÑA 2002 dans la catégorie du Meilleur Livre de Photographie avec Very Very Bad News (Ed. Actar, 2002), et finaliste du Prix du Livre d’Auteur 2010 lors des Rencontres d’Arles Internationales de la Photographie avec le livre Welcome to Espaiñ (Ed. Actar, 2009). Il a bénéficié également de la Fotopres et de la Bourse Endesa X.Bourse.