Cette édition du festival ManiFeste se dit traversée par « la clameur du monde », définie comme « la puissance de la mémoire, le déphasage des temps et des époques, la présence de revenants auxquels l’ingénierie numérique entend redonner vie et voix ». Du 7 juin au 1er juillet, ManiFeste allie un festival international et une académie pluridisciplinaire. L’Ircam, organisateur du festival, est aujourd’hui l’un des plus grands centres de recherche publique au monde se consacrant à la création musicale et à la recherche scientifique.
La nouvelle édition de ManiFeste se choisit pour emblème Janus, figure romaine bifrons regardant vers le passé et vers l’avenir, dieu des commencements et des fins. Janus est aussi le titre du programme que l’Ircam a initié avec le Centre de musique baroque de Versailles : une rencontre inédite entre le présent et le siècle classique, entre la création électronique et la musique vocale du 18e siècle. La Catalane Ariadna Alsina a été la compositrice chargée d’écrire ce projet pour les Pages et les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles et les musiciens qui vont les accompagner. Elle s’est inspirée des Lachrymae de Pierre Perrin, utilisé par Jean-Baptiste Lully. Pendant le concert, sera jouée la composition Split screen vestiges, nouvelle création d’Alsina en 2023. Le 22 juin, l’Espace de projection de l’Ircam va se transformer en Chapelle royale de Versailles le temps de la soirée Janus. Il y aura une rencontre avec les artistes, au bord du plateau, à l’issue du concert.
Ariadna Alsina Tarrés (Figueres, 1980) a étudié le violon au Conservatoire Supérieur du Liceu de Barcelone et la sonologie à l’École Supérieure de Musique de Catalogne (ESMUC) où elle s’est orientée vers la composition, en voyageant entre Barcelone et Paris depuis 2011. En 2015-16, elle a suivi le Cursus de composition de l’Ircam et elle a intégré en parallèle le Master en Composition de musique mixte à la Haute École de Musique de Genève. En 2015, elle reçoit une mention spéciale du jury du Prix Russolo pour sa composition Dis-Till-Action. Avec Emmanuelle Lizère, elle a réalisé Le son au bout des doigts, conception musicale pour trois installations interactives pour le jeune public présentée au ManiFeste 2017. Elle continue sa recherche sur l’écriture du temps en musique mixte à l’Université Paris 8. Sa musique a été jouée dans plusieurs pays d’Europe et aux États-Unis.
Dans le cadre du festival ManiFeste, la musique se retrouve aussi sur la scène théâtrale. Le 30 juin, le Théâtre de Gennevilliers accueil la pièce In Vivo Théâtre Fantasticalité, mise en scène par Anne Monfort, avec musique de Núria Giménez Comas. Il s’agit d’un atelier inédit, organisé en complicité avec le festival L’Univers des mots, de Conakry, en Guinée, qui aborde le fantastique du point de vue de l’acteur, du matériau textuel et de l’écriture scénique et musicale. Le corpus expérimenté est celui des écritures francophones féminines qui déplient les lisières des oppositions binaires – visible/invisible, diurne/nocturne, vivant/mort. Dans In Vivo Théâtre Fantasticalité, les textes des autrices Gaëlle Bien-Aimé et Dodji do Rego sont mis en musique et travaillés par un groupe d’acteurs du Conservatoire d’art dramatique, avec la compagnie day-for-night.
Núria Giménez Comas (Gérone, 1980) a étudié le piano, puis les mathématiques, avant de s’orienter en 2006 vers la composition à l’École Supérieure de Musique de Catalogne (ESMUC). Elle s’est formée auprès de Christophe Havel qui l’a confrontée à l’électroacoustique pure et à l’importance du travail du timbre. De 2010 à 2012, elle a fait ses études à la Haute Ecole de Musique de Genève et a fondé l’Ensemble Matka (Genève). Attirée par le travail des images et la pluridisciplinarité, elle a déjà participé en 2012 à l’atelier In Vivo-Video de l’Académie ManiFeste. De 2012 à 2014, elle a suivi le Cursus de composition de l’Ircam. Elle a participé à l’Académie de Villecroze, l’Académie Schloss Solitude, le Forum Tactus de Bruxelles et Voix Nouvelles (Royaumont). En 2022, elle a présenté au Grand Théâtre du Liceu de Barcelone le mini-opéra Shadow. Eurydice says. Elle a obtenu plusieurs prix à l’international, tels que le Prix de composition de l’European Academy for Choral Conductors (2010), le Prix Colegio de España (Paris) - INAEM (2012) ou le prix du concours International Edison Denisov (2013).
Janus – Ariadna Alsina
Jeudi 22 juin, à 20h
Ircam, Espace de projection
1 Place Igor Stravinsky, 75004 Paris
Prix : entre 5€ et 18€
In Vivo Théâtre Fantasticalité – Núria Giménez Comas
Vendredi 30 juin, à 20h
T2G Théâtre de Gennevilliers
Plateaux 1 et 2
41 Av. des Grésillons, 92230 Gennevilliers
Prix : Entrée libre.
