Né en 1911 à Agullana (Catalogne) près de la frontière française, Joaquim Vicens Gironella apprend le métier de ses parents : artisan bouchonnier. Malgré son éducation rudimentaire, il s’enthousiasme pour l’écriture et rédige des pièces de théâtre, des poèmes et des romans sans trouver d’éditeur. Antifasciste et républicain, il est contraint de s’exiler en France, où il sera interné au camp de Bram avant de s’installer à Toulouse après sa libération.
À partir de 1941, Gironella se met à la sculpture et passe rapidement de l’argile au liège. S’ensuit une vie dédiée à son art, entre travail artisanal, poésie et sculpture. Fin 1948, Jean Dubuffet lui consacre une exposition avec la collaboration d’André Breton. Puis, en 1967 Gironella fait partie de l’exposition L’art brut du Musée des Arts Décoratifs, accueillie par François Mathey, alors conservateur en chef. Depuis 2021, Gironella fait partie de l’exposition Francesc Tosquelles. Comme une machine à coudre dans un champ de blé, qui après son passage par les Abattoirs de Toulouse, le CCCB de Barcelone et le musée Reina Sofía de Madrid, finit son itinérance à l’American Folk Art Museum de New York.
Les sculptures de Joaquim Vicens Gironella montrées dans Paradis perdu sont empreintes de réminiscences de son pays natal. Sculpture dans la masse, perspective fantasque, membres des personnages disproportionnés, ces originalités qui démultiplient la force expressive de ces œuvres ne cessent d’interloquer le regardeur, de le subjuguer.
C’est la deuxième fois que la galerie Christian Berst met à l’honneur l’œuvre du sculpteur, après l’exposition L’Esprit du liège en 2007. Cette galerie, située non loin du Centre Pompidou à Paris, est spécialisée dans l’« art brut », terme par lequel Jean Dubuffet désigne les productions de personnes exemptes de culture artistique, œuvres sans destinataire manifeste qui sont produites par des personnalités qui vivent dans l’altérité.
Depuis 2005, la galerie Christian Berst est reconnue pour ses découvertes contemporaines dont elle participe activement à l’institutionnalisation. Ainsi, en 2021, les œuvres de 50 artistes qu’elle défend ont intégré les collections du Centre Pompidou. La galerie participe régulièrement à des salons internationaux (FIAC, Paris Photo, Artgenève…) et a publié plus de 80 catalogues bilingues.
Joaquim Vicens Gironella. Paradis Perdu
Galerie Christian Berst
3-5 Passage des Gravilliers, 75003 Paris
Du 6 avril au 14 mai 2023.
Vernissage le jeudi 6 avril, de 18h à 21h.